> LE MIOCENE MARIN, LA PROVENCE AU BURDIGALIEN

A l’ouest de Marseille se trouve le massif de la Nerthe qui dévoile une roche du Jurassique et du Crétacé inférieur, avec une couverture transgressive du Miocène qui est accessible au bord de la mer. Plus au Nord, il y a de nombreux petits étangs près du grand Étang de Berre, avec quelques petits affleurements s’étageant du Burdigalien à l’Helvétien.

L’ensemble délivre de nombreux fossiles de coraux, coquillages, oursins et dents. Ils ne sont pas très abondants, mais parfois de bonne qualité quand la mer ne les a pas encore rongés. Ceux ci dévoilent la vie dans cette région il y a cela 14 millions d'années. L'intérêt de cette région réside dans l'éventail des fossiles que l'on y découvre, mais aussi à la faune de requins, raies et autres poissons qui ont laissé derrière eux leurs dents fossilisées. Celles-ci vont de 2 millimètres à plusieurs centimètres et ont appartenu à de grands requins comme le requin tigre ou le requin taureau.

Carte de la région au Burdigalien

Leur conservation, comme tout fossile, est exceptionnelle car les conditions requises sont rarement réunies. Il devait s'agir d'un milieu calme en bordure de la cote, ce qui a permis aux restes des animaux de se conserver.

On peut alors reconstituer le lieu de vie de ces animaux disparus. Il devait s'agir d'une mer chaude de faible profondeur non loin de la cote, car on y trouve beaucoup de coquillages qui vivaient dans le sable, des poissons, des requins et même parfois des dauphins dont on retrouve quelques morceaux d'os.

La Provence à cette époque ?

Le lagon est un écosystème associé au milieu corallien, typique des îles des mers chaudes. Généralement de faible profondeur, il peut atteindre parfois 40 mètres. Les eaux de la plupart des lagons regorgent de vie, entre autres car ils sont des refuges parfaits pour toutes les formes de vies marines et surtout pour les poissons, qui y trouvent des habitats diversifiés et adaptés à leurs besoins.

Les requins ont peu évolués depuis cette époque, et ce sont leurs descendants directs qui peuplent nos océans. Une quinzaine d'espèces au moins ont été trouvées sur ces gisements, sans compter les raies. Pour les poissons osseux, les découvertes sont plus rares car leurs dents sont de dimension inférieure. Néanmoins j'ai pu trouver 5 espèces dont de grosses dents de Barracuda ou les petites dents rondes et plates de Sparus, cousin de la Dorade, qui vit dans les herbiers d'algues. Quelques exemples de poissons osseux:

Sparus, cousin de la Daurade

Diodon, le poisson ballon

Sphyraena, le Barracuda

Aetobatus, la raie léopard

 

Dans les fossiles représentés dans les mêmes niveaux rocheux, on peut trouver des coquilles St Jacques (allant parfois jusqu'à 25cm), ainsi que des restes de crabes (pinces et carapaces) et d'oursins.

La coquille Saint-Jacques était présente dans les eaux chaudes et tempérées. Les eaux peu profondes et calmes de Provence étaient un endroit de choix pour leur épanouissement. Leurs fossiles se retrouvent à travers le monde entier. Elle vit principalement sur les fonds sableux, à moins de 100m de profondeur et elle repose sur sa valve droite convexe. La coquille St Jacques ne se déplace pas, sauf en cas de danger (prédateur) et elle se nourrit des micro algues qu'elle filtre.

Différentes espèces de coquilles Saint Jacques ont été découvertes dans différents gisements de la région. Elles vont de 1cm pour une petite Chlamys multistriata à 25cm pour un Gigantopecten. Il y a aussi Pecten subarcuatus, Amussium sp., Chlamys radians...

Gigantopecten Ziziniae

 

Une grande partie des fossiles est trouvée dans la « molasse de La Couronne » : cette roche a servi dans l’Antiquité pour la construction, on peut encore voir les traces de l’extraction. Cette roche blanche à rosée est surmontée d’une formation très fossilifère tirant sur le jaune, datant du Burdigalien.

Différentes couches plus ou moins compactes existent, l'inspection en surface et parfois le concassage sont les méthodes de fouille. Souvent on ne voit qu'un bout de la dent, et elle sera dégagée au calme avec le petit matériel nécessaire. Avec de la chance, on en trouve parfois dans les sédiments, déjà nettoyées par l'érosion.

Voici enfin quelques exemples des dents de requins qui peuplaient les mers à cette époque:

Hemipristis à gauche et Galeocerdo (le requin Tigre) à droite

Carcharias (le requin Taureau) à gauche et Isurus (le requin Mako) à droite

De nombreux autres espèces ont été trouvées: poissons (Labrodon, Tetrodon), raies (Myliobatis, Aetobatis, Dasyatis) et requins ( Carcharhinus, Ginglymostoma, Isistius, Megalodon, Scyliorhinus)

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