> POISSONS DE FRANCE

La mer et même les océans ont recouvert notre pays. Depuis, ils se sont retirés, mais dans la roche qui s'est formée au fond de l'eau il y a les restes des anciens habitants, poissons de mer ou de lac.

> Gisement divers

Percilla angusta, Paleocène, Menat

Leptolepis sp., Toarcien, Haute Saône

Les Leptolepis ont vécu du Jurassique inf. au Crétacé inf. On retrouve différentes espèces sur l'ensemble des continents.

C'était un petit poisson dépassant rarement 7cm et vivant en bancs.

Leptolepis bronni, Toarcien inf. , Gard (Bronn)

Dans la bordure jurassique des Cévennes le Lias  est visible, et dans le Gard Durfort, Alès et Saint-Ambroix sont les centres principaux. Près d'Alès, on trouve du Toarcien inférieur et du Pliensbachien. Ces poissons en proviennent, ils sont pris dans du de schiste bitumineux (forte odeur de pétrole) du Toarcien inf., qui se découpe en plaques. Il y a de nombreux restes de poissons, le plus souvent la tête seule est conservée car plus solide. 3 autres espèces existent sur le site: Eugnathus Brousso-Lavali, Pachycurmus curtus et Pholidophorus aff. Hartmani.

Les fossiles sont à plat dans le sens de la stratification. Ceci implique que la mer était calme et peu profonde. D'autre part quelques débris végétaux terrestres montrent que la cote n'était pas loin.

Cobitopsis acutus, Rupélien, Auvergne

Le Rupélien (-31 MA) se retrouve en Auvergne, sur l'ouest du bassin de la Limagne.  Une dépression au niveau du plateau a formé des ruisseaux qui descendaient et déposaient leurs alluvions en contrebas. Dans la plaine au pied de cette formation on trouve des lacs et lagunes d'eau douce voire saumâtre. Il y avait de nombreux petits poissons du genre loches . Sûrement pouvaient-ils survivre aux assèchements ponctuels, mais certains restaient prisonniers des boues et se fossilisaient.

Prolebias sp, Oligocène, Armissan

A l'Oligocène un lac se situait à Armissan, permettant la fossilisation de végétaux qui se trouvaient autour. D'après l'université de Montpellier, plus de 170 espèces ont été déterminées : Fougères, Mousses, Prèles, Pinus (+ de 20 espèces différentes), Podocarpus, Arundinites, Smilax, Betula, Alnus, Quercus, Castanéa, Ulmus, Celtis, Ficus, Populus, Salix, Laurus, Aralia, Berberis, Acer, Ilex, Myrtus, Cassia, Acacia, ... ).

Les sédiments qui se sont déposés au fond du lac ont peu à peu formé des couches de calcaire, renfermant les feuilles tombées à l'eau à cette époque. Ces calcaires en plaquettes à grain fin comprennent outre des fossiles de végétaux, des fossiles de gastéropode (Helix ramondi) et de poissons.
 

Amphisile heinrichi, Stampien, Froidefontaine

Ce sont de petits poissons qui vivent encore dans les mers chaudes. Ils étaient abondants à Froidefontaine. Ils sont en parenté avec les Centriscus d'Italie.

 

> Gisement diatomitique d'Ardèche

Il existe peu de gisements de diatomite dans le monde : seulement en Californie, Turquie, Espagne, mais c’est en France que l’intérêt paléontologique est le plus grand. Par chance ce gisement a été préservé de l’érosion glaciaire du quaternaire grâce à un bouclier de basalte formé à la suite d’éruptions volcaniques et qui en recouvrant les couches les a protégées.

Cette roche est blanche, friable et très légère, au point de pouvoir flotter. Mais sa fragilité et sa richesse en eau (comme elle est très poreuse elle se comporte comme une éponge) entraîne une dessiccation et les fossiles momifiés se craquellent. Pour lutter contre ce problème une préparation des fossiles est nécessaire, avec un enduit solidifiant.

L'analyse des spectres polliniques révèle la présence des grands types de formations végétales de milieux variés. Ces formations végétales sont formées d'un mélange d'éléments tropicaux à subtropicaux, méditerranéens et tempérés en fonction vraisemblablement de la zonation végétale due aux reliefs environnants.

 

L'étude du palynofaciès permet de déduire que le milieu de dépôt est fluviolacustre.

Une comparaison avec les études faites en Europe occidentale et centrale concernant la période allant du Serravalien au Messinien confirme l'appartenance du gisement au Tortonien et met en évidence la prépondérance d'une flore de climat en général chaud et humide. [d'après D. ISKANDAR (1990) - La diatomite miocène (Ardèche, France). Étude palynologique, écostratigraphie, paléoclimatologie.]


On y trouve de nombreux animaux : de grands mammifères (une femelle Hipparion conservée avec son foetus, des rats sauteurs, des lièvres siffleurs, et des sangliers ont été trouvés), poissons, oiseaux, insectes,  batraciens, et bien sur une flore vaste : feuilles de chêne, vigne, tilleul, châtaignier, orme, érable, noyer …

Ce type de fossilisation est très rare dans le monde : les êtres vivants sont momifiés (avec la conservation des parties moles comme les poils, la peau) et non pas remplacés par la substance minérale.  Cela s’explique par un enlisement rapide des êtres vivants avec un dépôt de diatomées formant un lieu aseptique, c'est-à-dire sans microbes qui viendraient détruire les tissus animaux ou végétaux.

Leuciscus

Le Leuciscus a un corps fuselé couvert de grandes écailles et fine tête conique.
Il vit souvent en groupe en eau douce et calme. Il mesure communément jusqu'à 20 cm. Il se nourrit en surface de végétaux et de petits animaux.

 

> Gisement Eocène du Gard

A l’Éocène, l’Europe est séparée de l’Asie par une mer située dans la région de l’Oural et reliant la Téthys à l’Arctique ; par ailleurs un bras de mer relie la mer du Nord à la fosse alpine en passant à travers l’Europe du Nord. Ces connexions marines, comme la mer ouralienne elle-même, cesseront plus tard à l’Oligocène.

Le climat chaud du Paléocène s’accentue et atteint un optimum à l’Éocène inférieur. Dans les deux hémisphères, les flores tropicales s’étendent tandis que les latitudes très élevées se couvrent de forêts de conifères. Le niveau de l’océan est élevé. Mais vers 40 millions d’années, il y a un refroidissement et le niveau marin s’abaisse.

Par rapport à la période précédente, il y a une nette diversification des mammifères avec des animaux plus grands et plus spécialisés. Les rongeurs comme les primates sont de plus en plus nombreux. Dans les mers les siréniens et les cétacés se développent.

Les équidés apparaissent à l’Éocène avec Hyracotherium. De toute petite taille, cet animal avait des pattes à 4 doigts devant et 3 derrière ainsi que des prémolaires et molaires bien différenciées.

En Provence il y a une sédimentation lacustre et continentale dans des bassins, les sédiments provenant de l'érosion des massifs voisins et donnant des argiles. Le bassin de l'Arc près d'Aix était un lac et la région était riche en rivières.

Dans le Gard des lacs abritent des poissons, et autour on trouve des prairies avec une faune composée de troupeaux de mammifères entre autres.
 

Paleoathérina vardinis, Ludien, Gard (Sauvage 1883)

Les athérines se trouvent en eau douce, marine et saumâtre. Cette espèce est allongé (env10cm) et a deux nageoires dorsales. Daté de -35 MA (Ludien/ Bartonien). A l'époque dans le Gard se trouvait un lac peu profond, dont on trouve les dépôts sur 15m d'épaisseur, dans des calcaires en plaquette. La mort de ces poissons a du être causée par des bouleversements, comme le manque d'oxygène dans l'eau. Ce gisement livre aussi des insectes et des végétaux.

 

> Gisements de l'Oligocène d'Aix et Manosque

Le stampien provençal comprend les gisements autour d'Aix et dans le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence (d'Apt à Manosque). Il s’agit de feuilleter le livre du temps, la vie du lac, au travers des fines plaquettes calcaires constituant les couches fossilifères. On y trouve aussi bien des fossiles marins que terrestres : cette diversité est due au fait que des plantes et animaux se sont fossilisés dans les lacs.

Pour tout savoir sur ces gisements: Oligocène de Provence

Dapalis macrurus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Dapalis est de la famille des Serranidae. L'ancienne dénomination "Smerdis" est incorrecte. Ce poisson est constitué d’une large bouche armée de petites dents, car il était carnivore, et d’un corps fin. Ses nageoires comportent des rayons épineux et souples. Sa taille adulte était au mieux de 25cm. Celui-ci en mesure 21.

Dapalis minutus

Dapalis minutus n'a été trouvé qu'à Aix en Provence. La plupart des Dapalis sont retrouvés à l’état juvénile, de 5 à 7cm, comme ceux présentés ci dessus. Le fait est que des périodes de sécheresse puis d’inondation ont tué par milliers les jeunes poissons du lac,  plus fragiles que les adultes qui pouvaient mieux survivre à ces conditions. Il y a donc des couches riches en Dapalis de petite taille morts en masse.

Dapalis minutus ne se trouve que dans la partie supérieure de la série des marnes gypsifères. Il se diffère par une première nageoire dorsale composée de 6 épines au lieu de 7 et un profil différent (tête plus ronde)

Lepidocottus aries

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il vit sur le littoral, jusque dans les flaques d'eau à marée basse, les lagunes et les eaux saumâtres. Ils se nourrissent surtout de petits invertébrés, bien que certains, ayant une grande bouche, puissent manger d'autres poissons, tandis que quelques-uns consomment des algues. D'autres engloutissent de grandes quantités de vase ou de sable, dont ils extraient les invertébrés ou les micro algues. Les espèces nageuses mangent souvent le plancton. Il est muni de petites dents, de deux nageoires dorsales et d'une nageoire caudale en pinceau.

Percoïde indéterminé

Ecaille de 1cm.

Prolebias cephalotes

L'un des fossiles les plus courants de ces couches. Aussi appelé "friture", Prolebias est un petit poisson (inf à 4cm), qui devait pulluler à cette époque. Il a aujourd'hui disparu. On trouve 3 espèces selon les gisements: cephalotes à Aix et goretti et meridionalis en Haute Provence.

Le corps est trapu, la tête est aplatie, la bouche est supère et les mâchoires munies de dents cuspides. La nageoire dorsale est située très en arrière.
Taille : de 2 à 4 cm.

Prolebias goreti

Prolebias fait partie de la famille des Cyprinodontidés. Les Cyprinodontidés actuels sont représentés dans la faune méditerranéenne par deux genres indigènes : Aphanius et Valencia. Les espèces du genre Aphanius vivent dans les eaux côtières, les lagunes, et les petits fleuves autour de la mer méditerranée. Les seules deux espèces de Valencia sont limitées à quelques biotopes.

Pendant le miocène inf (Aquitanien), les Cyprinodontidés ont été représentés principalement par le genre Prolebias (Sauvage 1874) , répandus dans les environnements lacustres. Le genre Aphanius est apparu pour la première fois à l’Aquitanien. L’Aphanius fossile le plus ancien a été trouvé dans des dépôts Burdigalien en Catalogne. Tandis qu'Aphanius est aujourd'hui présent, Prolebias s’est probablement éteint au miocène.


En l'état actuel, les relations phylogénétiques de Prolebias et Aphanius sont énigmatiques. Les squelettes fossiles de Prolebias et d'Aphanius sont plutôt semblables, mais les dents sont coniques pour Prolebias et tricuspidées pour Aphanius.

 

 

Mugil princeps

Les petits Mugil ont une forte ressemblance avec Prolebias, mais caractérisé par des nageoires épineuses et la présence de deux dorsales. Ces alevins de Mugil (espèce d'eau salée) dénotent la présence de la mer très proche, et donc une communication minimale entre les lacs d'Aix et la mer. Néanmoins la salinité était toujours faible comme le montre la présence de Dapalis.

publication: Gaudant, "sur les conditions de l'ichtyofaune oligocène d'Aix en Provence" 1978

 

Leuciscus sp

Poissons présents dans une couche argileuse grise à Aix en Provence. Taille allant jusqu'à 10cm, avec une nageoire dorsale à rayons mous et une caudale très fourchue.

Enoplophtalmus schlumbergeri (Sauvage) ?

Poisson rare dans ces gisements, peu d'exemplaires ont été découverts. Dénoterait la présence de la mer Alpine à faible distance, car c'est un poisson peu habitué des petits espaces lacustres.

Il a une forme allongée, avec de petites nageoires sans épine, une nageoire caudale fourchue: sa forme fait penser aux athérines de l'Éocène du gard.

Tarsichthys macrurus ?

Poisson à large tête, ayant une nageoire dorsale unique à rayons mous. Nageoire caudale de forme tronquée ou échancrée.

 

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